Hier, le congrès de Versailles a fait une victime : la fonction de Premier ministre.
La venue du président de la République a acté définitivement la transformation de la place et du rôle de l’hôte de Matignon sous cette Vème République bis. Nicolas Sarkozy et ses soutiens affirment qu’ils font au grand jour ce qui a toujours été fait dans l’ombre. Ils ont tort de se réjouir de cette concentration des pouvoirs car, justement, l’existence d’un Premier ministre permettait au président de la République de prendre un peu de hauteur face aux pays et le protégeait des protestations populaires trop vives.
Nicolas Sarkozy pense pouvoir échapper à ce risque en saturant l’espace politique et médiatique. Il ne fait que repousser l’instant de vérité où les Français lui reprocheront de parler beaucoup et d’agir peu.
Le discours d’hier après-midi était d’ailleurs assez creux. Le Président n’a pas voulu détailler ses propositions pour laisser un peu de grain à moudre à la majorité, mais il n’a pas non plus emprunté les habits d’un chef d’Etat en temps de crise qui doit déterminer un cap clair et définir les grands choix qui permettent de le tenir.
On attendait Churchill ou Clemenceau, on a eu droit à l’éternel candidat à la présidentielle.
Un discours volontariste séduisant dans les objectifs avec le bon sens d’Henri Guaino, mais truffé d’incohérences terribles quant aux moyens de les atteindre.
Si d’ailleurs le Président allait au bout de sa logique, il devrait changer de politique européenne.
Car, bien sûr, tout ce qui a été annoncé est totalement incompatible avec les traités signés par la France et soutenus par le Président Sarkozy depuis vingt ans. Comprenne qui pourra…
Dans mon discours de réponse hier au Congrès, j’ai bien évidemment mis le doigt sur cette incohérence terrible. Le Président avec des trémolos dans la voix défend le modèle républicain et social français, appelle à une autre mondialisation et veut une France avec des usines et des ouvriers. Mais, au même moment, il cautionne une politique européenne de l’euro cher, du libre échange intégral et de la dérégulation des services publics, qui condamnent ce qu’il prétend défendre.
Tout au long de son discours, Nicolas Sarkozy n’a d’ailleurs pas été à une contradiction près. Il demande, par exemple, de conforter l’Etat régalien mais il s’arcboute dix lignes plus loin sur le dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux.
Il exprime sa volonté d’interdire la burqa, comme je l’ai d’ailleurs proposé, mais il ne dit rien sur la politique de l’immigration qui favorise tous les jours l’arrivée sur notre sol d’étrangers parfois difficilement intégrables.
Le Président assène avec conviction certaines vérités mais défend des politiques incompatibles. Son poids médiatique, la fréquence de ses discours, son habileté à jouer des émotions du jour, empêchent l’opinion de prendre le temps de réfléchir à ses contradictions et donc de réagir.
L’opposition embourbée dans ces mêmes contradictions, entre son attachement au modèle social français et son européisme béat, est incapable de présenter un projet crédible.
Quant à Debout la République, son audience n’est pas encore suffisamment grande pour être largement entendue.
Combien de temps cela pourra-t-il durer ? Nul ne le sait. Mais il est sûr que, cette politique ne résolvant pas les problèmes des Français, nos concitoyens comprendront un jour ou l’autre la supercherie.
NDA